Camille de KOKA'IN à Compiègne : « C'est bien plus qu'une boutique… »

Camille de KOKA’IN à Compiègne : « C’est bien plus qu’une boutique…»

Cette boutique d'accessoires de mode existe depuis 1979 !

Camille de Kokain accessoires de mode à Compiègne

Camille Lassiège est la gérante de KOKA’IN à Compiègne. Ce commerce avec un nom plutôt particulier existe depuis 1979, donc plus de 40 ans. Il fut créé à l’époque par Evelyne, la maman de Camille. Mère et fille travaillent aujourd’hui main dans la main.

Quel est le concept de votre boutique ?

KOKA’IN à Compiègne est une boutique d’accessoires de mode. Nous nous concentrons vraiment sur la vente d’accessoires, donc de sacs, de bijoux de créateurs, de foulards de créateurs, de chapeaux, de gants, etc. On travaille également pour les cérémonies. Voilà, purement accessoires et un peu de petites idées cadeaux quand arrivent les fêtes de Noël.

On travaille exclusivement avec des créateurs, français, européens, voire même internationaux. Et nous sommes très vigilants à la façon dont les produits sont fabriqués, et par qui. On travaille aussi avec des marques qui sont issues du commerce équitable, avec des marques qui travaillent des matériaux recyclés. On a vraiment une démarche très proche de nos créateurs et de la façon dont c’est fabriqué.

Nous proposons des accessoires de mode mixtes. On fait un petit peu d’homme aussi, mais c’est tout de même majoritairement féminin comme environnement.

Depuis quand avez-vous votre commerce ?

Depuis 1979. Au départ, ça ne s’appelait pas KOKA’IN, c’était une friperie qui s’appelait La Chiffonnière. C’est ma mère qui a ouvert ce commerce il y a plus de 40 ans, avec une friperie donc, où elle chinait des vêtements anciens. Elle travaillait également avec beaucoup de costumiers du cinéma. C’était super sympa !

Puis, dans les années quatre-vingt, elle s’est lancée dans l’accessoire. C’était l’une des premières en France à faire ça. Et elle a continué à faire son activité, à la développer au fil des années, à la faire évoluer. Pendant un moment, sa ligne de conduite était tout ce qui était Made In France. Et cela fait maintenant 42 ans !

Vous, Camille, quand avez-vous rejoint votre maman dans cette aventure ?

C’était 2011-2012. En fait, j’ai passé 7 ans en Angleterre. Je devais y rester 6 mois et j’y suis restée 7 ans. J’ai repris mes études là-bas et j’ai fait une école de mode, la London College of Fashion à Londres. À ce moment-là, je n’avais pas du tout dans l’idée de reprendre le commerce de ma maman. Mais c’est le hasard de la vie qui m’a fait revenir dans ma ville natale. Je devais même repartir à l’étranger à la base, mais on avait quelques soucis à la boutique, j’ai commencé à épauler ma mère, et je suis restée dans l’aventure. Comme j’avais fait une école de mode, ça m’a permis d’amener un nouveau regard sur la boutique et mes compétences aussi sur les réseaux sociaux, choses qui n’existaient pas auparavant.

KOKA'IN à Compiègne

Aujourd’hui, qui tient les rênes de KOKA’IN ?

Maintenant, c’est moi ! Ma mère est toujours présente, mais c’est normal, c’est son bébé ! Après 42 ans ! Et c’est vraiment quelque chose qu’elle a créé de ses mains et dont elle est fière. C’est vraiment une belle aventure…

Et puis on a cette chance d’avoir une belle clientèle qui nous est fidèle. KOKA’IN à Compiègne, c’est plus qu’une boutique ! Ce sont des vies qui se croisent. On accompagne nos clientes au cours de leur vie, et c’est ça qui est assez incroyable.

Depuis que vous avez repris ce commerce, qu’avez-vous changé ?

J’ai beaucoup travaillé au niveau de la clientèle, pour la renouveler. Parce qu’on avait une clientèle qui était vieillissante, qui avait vieilli au fil du temps, avec le commerce et avec ma maman. Mais beaucoup de ces clientes ont pris leur retraite aujourd’hui et n’ont plus du tout le même mode de vie, le même mode de consommation. Donc j’ai essayé de rajeunir un petit peu la clientèle via les réseaux sociaux surtout, et puis fidéliser cette nouvelle clientèle, qui est peut-être un peu moins fidèle à cause notamment d’internet.

J’ai également lancé un site internet, mais que je n’ai pas pu continuer par manque de temps. C’est une entreprise familiale, on gère tout de A à Z, de la comptabilité au nettoyage. Le site en plus, c’était trop pour moi. Donc au bout de deux ans, on a arrêté le site internet, mais maintenant, je fais tout de même un peu de ventes par les réseaux.

KOKA'IN à Compiègne

Le nom de votre commerce est plutôt particulier : KOKA’IN. Pourquoi ce nom ?

En vérité, c’est une histoire toute bête ! C’est parce que petite, je n’avais pas le droit de boire du Coca-Cola. Et à l’époque, dans les années 80, la langue anglo-saxonne arrivait fortement dans la langue française, et « IN », ça voulait dire être dans le vent, être dans la tendance. Donc c’était un jeu de mots, tout simplement, et ils se sont amusés à en changer l’orthographe.

En plus de 40 ans d’existence, comment KOKA’IN a vu évoluer la vie commerciale à Compiègne ?

Il y a eu des hauts et des bas ! En plus, nous, on est dans une rue un peu excentrée, donc il faut se battre quotidiennement, parce qu’on n’est pas dans le cœur de ville.

La vie commerciale de Compiègne change beaucoup en fait. Il y a beaucoup de rotations au niveau des commerces. C’est vrai que ce n’est pas très constant au niveau de la vie du commerce en ville. Cependant, là, je trouve qu’on a vraiment un centre-ville qui est beaucoup plus dynamique, avec beaucoup d’animations (tous les samedis) et ça amène un petit peu de gaieté (surtout en ce moment).

Mais c’est vrai qu’il y a eu pas mal de fermetures aussi, dans les années passées, ce qui a amené une nouvelle génération de commerces avec une nouvelle dynamique. Nous sommes assez solidaires entre nous. Et puis vu tout ce qu’on a traversé là avec le Covid19, c’est vrai que ça nous a beaucoup soudés en tant que commerçants. Nous avons gardé le lien pendant le confinement, nous nous sommes tous soutenus. Et du coup, je pense que ça a amené une autre dimension au commerce compiégnois. Ce n’est plus le même commerce qu’il y a 30 ou 40 ans, quand les gens se tiraient un peu dans les pattes, et n’envoyaient sous aucun prétexte chez le concurrent… Je pense que tout ça a énormément changé.

Notre nouveau concurrent aujourd’hui, c’est internet. Et moi je préfère effectivement que la personne qui rentre en magasin, si je n’ai pas ce qu’elle cherche, qu’elle trouve ailleurs dans Compiègne plutôt que sur internet ou bien dans une autre ville. Parce qu’il faut se serrer les coudes. Et justement, les clients apprécient d’autant plus, ils gardent un meilleur souvenir, une image très positive du commerce quand on les oriente vers un autre, même s’ils n’ont pas trouvé ce qu’ils cherchaient. Et même, ils reviendront beaucoup plus facilement parce qu’on les a tout de même conseillés en les renvoyant vers le commerçant adéquat.

KOKA'IN à Compiègne

Justement, en parlant d’internet, sentez-vous que votre commerce souffre de la vente en ligne ?

Oui! Au tout début, quand je suis arrivée, à peu près en 2010, on était vraiment dans la montée, dans l’explosion de l’e-commerce. Et on a eu quelques années très difficiles à ce moment-là. Parce que l’e-commerce a beaucoup changé le comportement des gens, et a même changé les gens eux-mêmes. C’est vrai que quand on voit par exemple les conditions de retour sur internet, nous, on ne peut pas suivre en tant qu’indépendants. Ce n’est pas possible, parce que derrière il y a quand même de l’humain, il y a quand même un professionnalisme, et sur internet, ce n’est pas la même expérience shopping.

Pendant très longtemps, ça a été compliqué parce qu’internet cassait les prix. Puis il y a eu la montée du « Made in China » également, donc les gens trouvaient tout trop cher, parce qu’en fait, ils étaient perdus au niveau de comment était fabriqué le produit. Ils ne voyaient plus un produit, ils voyaient un prix. C’était une époque assez terrible quand même !

Mais aujourd’hui, selon moi, les gens arrivent à voir les limites de l’e-commerce, surtout après ce que l’on vient de traverser, et ils ralentissent. Et puis je pense que quand ils viennent en boutique, ils cherchent le lien, l’humain, le conseil, échanger quelques mots… Donc oui, je pense que là, il y a un retour vers les commerçants de proximité. Il y a quand même eu un changement, enfin moi, j’y crois !

Et depuis la sortie du confinement, il y a une vraie solidarité de la part des clients. Ils étaient là, ils nous ont demandé comment ça allait. Je crois qu’ils n’ont pas envie de nous voir disparaître et ils savent que c’est difficile ce que l’on traverse. Ils savent que quelques fois, on a juste envie de rendre le tablier… Et on a cette chance ici, c’est que les Compiégnois aiment leur centre-ville.

Pourquoi avez-vous voulu vous référencer sur Dailyn ?

Comme je vous le disais, moi, je ne peux pas gérer un site internet toute seule, c’était beaucoup trop lourd. Et j’ai trouvé que l’idée était top, de faire un grand site avec toutes les boutiques de la ville et surtout, qu’elles soient toutes connectées entre elles. J’ai bien aimé cette idée que quand on cherche un mot-clé comme « bijou », que plusieurs commerces apparaissent, qu’il y ait des autres boutiques. J’ai trouvé cette façon de croiser les commerces vraiment bien.

Je trouvais également intéressant d’avoir notre propre vitrine digitale, le Click and Collect. Puis effectivement, qu’un client d’ailleurs puisse nous découvrir, c’est super aussi. Et comme nous, nous sommes un peu excentrés, ça permet aussi de faire découvrir notre quartier et ses commerces.

Moi, j’aimais bien ce concept de rassembler les boutiques et d’avoir comme un e-shop de la ville, je trouve ça génial en fait !

KOKA'IN à Compiègne

Aujourd’hui, qu’est-ce que vous diriez à un jeune commerçant qui souhaite se lancer ?

Bon courage ! Non, sans plaisanter, de ne pas essayer de faire comme les autres, de créer un commerce qui nous ressemble et de vraiment aimer ce que l’on vend. Je trouve que ça, c’est important. Je pense que les gens cherchent des choses qui changent et pas l’uniformité des magasins. Il y a tellement de choses à faire, il faut se démarquer en fait.

Et surtout, être en accord avec qui l’on est, avec sa propre personnalité. Être en adéquation avec soi-même dans son commerce pour être en adéquation avec nos clients.

>> KOKA’IN à Compiègne : 8 Rue de Pierrefonds