Guillaume Moisson, artiste peintre à Lille : « Une bulle de bien-être »

Guillaume Moisson, artiste peintre à Lille : «Une bulle de bien-être»

Bienvenue dans l'atelier galerie de Guillaume Moisson !

Guillaume Moisson, artiste peintre à Lille

L’artiste peintre Guillaume Moisson est installé depuis 22 ans dans son propre atelier galerie, à deux pas de la Place aux Oignons de Lille. Dans cet atelier, il vous présente son travail créatif sur différentes thématiques picturales allant du végétal au paysage urbain, du portrait au paysage marin…

Nous l’avons rencontré 🎙

Quelle est votre formation ?

J’ai commencé par deux ans d’école des Beaux-Arts à apprendre de manière assez généraliste le travail de l’art graphique, la peinture, analytique, le domaine publicitaire, etc. Puis je suis parti à Reims faire de la décoration d’intérieur (trompe-l’œil, fausse matière, ornementation) pendant un an. Et je me suis retrouvé par la suite sur le site Disneyland pendant quelques mois, sur un chantier international où je me suis fait la main sur différentes manières de décorer un peu à la méthode américaine.

Ensuite, je me suis dirigé en Suisse, à Genève, pour faire des décors de théâtre. C’était la méthode traditionnelle, façon XIXe, où on travaillait à plat, au sol, sur des dizaines de mètres carrés de toile, avec des pigments, des pinceaux d’un mètre de long. Après, je me suis retrouvé à Paris pour travailler sur la restauration de tableaux en salles de vente à l’Hôtel Drouot. Donc là, je me suis un peu confronté à la matière des grands maîtres du XVIIIe-XIXe. Je m’occupais des réparations des toiles qui partaient en salles de vente, parce qu’il y avait beaucoup de casse, beaucoup de problèmes, donc on maquillait un petit peu les petits bobos et puis on envoyait tout ça en salle de vente. Ça, ça a été très formateur aussi.

Et ensuite, j’arrive à Lille. C’était en 1998. Je venais à la base pour quelques petits chantiers de décoration dans des intérieurs pour les particuliers, beaucoup de trompe-l’œil notamment. Et puis je me retrouve ici, je croise un lieu vacant, une petite vitrine dans le Vieux-Lille et je me dis que je pourrais peut-être essayer de m’exposer, de présenter mon travail au public au travers de ce petit atelier galerie.

Guillaume Moisson, artiste peintre à Lille

Qu’est-ce qui vous a donc poussé à ouvrir votre atelier galerie ?

Tout simplement montrer mon travail aux gens. J’avais envie de côtoyer les passants, les gens, les visiteurs, mes clients, pour sentir l’air du temps, pour essayer de rentrer un peu dans l’intimité de chacun, pour pouvoir être vraiment en connexion complète avec mes clients et connaître leurs ressentis, leurs émotions.

Et de ne plus dépendre de personne, d’aucune galerie, d’aucun intermédiaire. Pour pouvoir faire les choses à mon rythme. C’est-à-dire qu’étant donné que je ne passe par aucun intermédiaire, c’est vrai que je décortique, j’épluche les sujets vraiment très très longtemps. Un artiste expose deux semaines, trois semaines dans une galerie, sur une thématique bien particulière, moi, je suis sur des sujets depuis 10 ans par exemple. J’ai envie d’éplucher mes thématiques. Parce qu’au-delà de la peinture, c’est une passion.

Guillaume Moisson, artiste peintre à Lille

Comme vous avez votre propre atelier galerie, vous avez sûrement plusieurs casquettes ?

Oui, et ce n’est pas évident. On est obligé d’être multicartes finalement, multifonctions. À la fois l’artiste, le vendeur, le communicant, etc. C’est là où ça devient un peu compliqué, parce qu’on ne peut pas être au four et au moulin, c’est-à-dire se concentrer sur son travail pleinement, recevoir les gens, communiquer sur les réseaux, et être à la fois le webmaster de son site. Mais c’est compliqué sans l’être vraiment, parce que je crois énormément en ma passion. C’est un métier que je ne quitterai jamais. Quand on a ça en soi, quand on a envie d’exprimer des choses, c’est quand même un très beau métier, d’apporter aussi du bonheur aux gens, de la réflexion, de les interloquer, de les surprendre, sans penser nécessairement a la vente. L’évasion est importante, on a tous besoin de respirer, de contempler, de s’évader, de sortir de ce tumulte citadin.

Par la force des choses, je suis donc aujourd’hui artiste, vendeur, et communiquant. On découvre plein de choses, on profite de la technologie actuelle, et c’est très bien. Mais encore faut-il en connaître les rouages, parce que ça ne se fait pas comme ça, parce que la concurrence est très forte. Sortir du lot, sortir son épingle du jeu dans ce milieu-là, ce n’est pas évident. Ça se fait avec le temps, mais il faut beaucoup de patience.

Guillaume Moisson, artiste peintre à Lille

Avez-vous des sources d’inspiration ?

Oui, évidemment ! C’est aussi ça qui nous donne envie de faire ce type de métier, aussi bien peintres, sculpteurs, plasticiens, tous ces gens qui ont besoin d’exprimer, de créer. Moi, ça ne m’a jamais quitté depuis l’âge de 8-10 ans à peu près, quand je commençais à copier les impressionnistes dans les livres. Je me servais des bouquins de mes parents à la maison, j’étais déjà passionné par ça. Une fois, ma grand-mère m’avait amené au Jeu de Paume, à Paris, quand j’avais 10 ans. Et je regardais les impressionnistes, les artistes du XIXe, comme ça, bouche bée. J’étais épaté, parce qu’on passait du livre à la réalité. Là, j’étais confronté aux œuvres de ces artistes. J’ai pris une claque ce jour-là, c’était fort !

Ça a aussi une formation le fait d’avoir travaillé à l’Hôtel Drouot, hôtel de ventes, à restaurer des tableaux anciens. Ça m’a amené aussi à travailler la copie de peintures anciennes. Je travaillais en fait pour les grands complexes hôteliers internationaux, on copiait des œuvres anciennes pour des hôtels particuliers. Et ça aussi, ça a été très formateur.

Et c’est grâce à cet itinéraire que j’ai eu l’envie d’avoir mon indépendance et d’exposer dans mon propre atelier galerie. C’est pour ça que quand je suis arrivé ici à Lille, j’avais vraiment besoin d’exprimer les choses.

Guillaume Moisson, artiste peintre à Lille

Quelle est la scène que vous préférez peindre ?

J’avouerai que ce n’est pas plus un sujet qu’une ambiance à retranscrire. Comment vous expliquer ? Quoi que vous peignez, l’artiste, son idée, selon moi, c’est de créer une ambiance. Au travers d’un portrait, un jardin ou une ville, de réussir à transcrire quelque chose, en partant d’une certaine réalité, certes, mais après, mettre de côté les documents, les photos pour laisser l’imaginaire surgir en soi.

Et du coup, c’est une question de feeling : on aime ou on n’aime pas, on se sent bien, on ressent quelque chose, parce qu’il y a une certaine lumière, un certain contraste… Moi, je suis très inspiré aussi par la peinture hollandaise du XVIIe, Rembrandt, Vermeert. Dans mon travail, je suis très classique. Et à partir de ça, de ces concepts-là, graphiques et picturaux, j’essaie de recréer des ambiances. Après, chacun voit ce qu’il veut, en fonction de son histoire, de sa sensibilité, de son imaginaire. Il interprète comme il veut, il se fait son voyage, son rêve à lui, personnel, au travers de mes tableaux. Moi, je n’impose rien finalement.

Guillaume Moisson, artiste peintre à Lille

Avez-vous une œuvre dont vous êtes le plus fier ?

Je pense qu’on ne peut pas se satisfaire de ce que l’on fait. Ce qui est important dans l’évolution d’un artiste, je pense que c’est l’autocritique aussi. Et ça, ce n’est pas toujours évident, d’avoir le recul sur son travail. Au cours de toute une vie, on évolue constamment, on n’en a jamais fini avec ça. C’est une recherche perpétuelle. Et ce serait bien prétentieux de se satisfaire de son travail ! C’est plus un ressenti, tout simplement. Je pense que c’est irrationnel, c’est quelque chose qu’on ressent.

Il arrive parfois qu’on peigne quelque chose en pensant que ça va très bien marcher, et finalement, ça ne plaît pas du tout. C’est un métier complètement aléatoire ! Et c’est positif finalement, de se dire que rien n’est écrit, que rien n’est décidé à l’avance. Si tout était écrit, on arrêterait le métier.

Souffrez-vous dans votre métier de la vente par internet ?

Souffrir, c’est un bien grand mot ! Mais oui, je ressens la concurrence internet. C’est vrai que ce n’est pas tous les jours facile à vivre, parce qu’on vit dans un monde d’images. Et c’est vrai que c’est difficile de faire le tri, trop d’images tuent l’image ! Maintenant, on a l’impression que tout le monde peint, que tout le monde s’expose à droite à gauche, professionnel ou pas. Mais de là à dire que ça dénigre la profession ? Tout le monde a le droit aussi de s’exprimer.

C’est pour ça qu’il ne faut pas baisser les bras. Il faut faire valoir son identité, son traditionalisme aussi, son expérience. Dans cette société, on ne prend plus le temps de regarder, de s’intéresser, de contempler… C’est pour ça aussi que le fait de rencontrer les gens c’est important. Ça permet de sentir l’air du temps. C’est un petit aparté, un échappatoire, une bulle de bien-être, parce qu’on peut échanger des propos, des idées, des sensibilités…

Guillaume Moisson, artiste peintre à Lille

Pourquoi avoir fait le choix de ne pas exposer dans d’autres galeries ?

Je pense que mon travail ne correspond pas forcément à l’air du temps ou à une certaine consensualité. Le fait de rester sur les mêmes thématiques pendant plusieurs années comme je vous le disais plus tôt, de faire vraiment comme je l’entends… C’est une manière de travailler qui ne correspond pas forcément aux galeries qui elles, sont dictées par un marché de l’art, une consensualité. Moi, je ne m’embarrasse pas vraiment avec tout ça, je veux rester intègre dans mon travail, faire vraiment ce que j’aime, ce que je ressens.

Pourquoi avoir voulu vous lancer dans l’aventure Dailyn ?

Je trouvais que l’idée était intéressante, et je me laisse guider un petit peu par le concept. En sachant qu’internet, la vente sur internet, et la manière de se présenter sur internet sont des choses complexes, que trouver son chemin numérique est difficile, je me laisse porter aussi par ces gens qui sont du métier et qui peut-être m’apporteraient un véhicule intéressant pour mon travail. Alors Dailyn, je me suis dit « pourquoi pas ! ».

Le principe, c’est aussi de faire du buzz, d’essayer de se répandre un peu partout et profiter du numérique pour m’étendre un petit peu. Parce que le principe c’est ça, d’essayer de se répandre, de véhiculer son image partout. Dailyn, c’est une source en plus pour se faire connaître.

Guillaume Moisson, artiste peintre à Lille

Quel conseil donneriez-vous à un jeune artiste aujourd’hui ?

Aucun !

Il y a beaucoup d’étudiants qui viennent me voir pour que je leur parle de mon parcours. Moi, je veux bien leur parler de moi, de ce que j’ai fait et pas fait, mais j’ai aucunement la science infuse ! Chacun a son parcours personnel, comme j’ai eu le mien, chaque vie est différente, chaque travail est différent. Donc je me garderais bien de donner des conseils !

Je peux répondre à leurs questions, mais il n’y a pas de conseil à donner. Il n’y a pas de ligne directrice précise à avoir. À partir du moment où on le fait, qu’on fait ce métier de manière honnête, de manière passionnée, c’est suffisant !

Éclatez-vous, faites-vous plaisir avant tout, bossez, travaillez, pratiquez, et faites-le sincèrement, juste par passion.

Guillaume Moisson, artiste peintre à Lille

>> Atelier galerie de Guillaume Moisson : 3 Rue de Pétérinck, Lille