Charles de Mon Petit Caviste, à Lille : « Rendre le vin accessible »

Charles de Mon Petit Caviste, à Lille : « Rendre le vin accessible »

Vous n'y connaissez rien en vin ? C'est avec Mon Petit Caviste que ça se passe ! 🍷 😃

Charles de Mon Petit Caviste

Après de nombreux voyages, en Chine, en Australie, en Angleterre, Charles décidé de créer son affaire : Mon Petit Caviste. L’objectif : faire découvrir le vin avec des cours de dégustation et d’œnologie 🍷

En quoi consiste « Mon Petit Caviste » ?

Mon Petit Caviste est né d’une simple idée : le fait que la plus grande peur de beaucoup de gens quand ils vont chez leur caviste, c’est d’avoir l’air parfois un peu niais, un peu bête. Parce qu’il va nous sortir des termes un peu bizarres, qu’on ne comprend pas comme « des arômes de cuir mouillé » …

Mon idée, c’était vraiment de désacraliser le vin, de le rendre accessible. Et ce n’est pas parce qu’on n’y connaît rien aux vins qu’on ne peut pas apprécier le vin, finalement.

Donc du coup, j’ai monté ça il y a à peu près un an et demi. Ça fera deux ans en septembre !

Quels sont donc les différents services que tu proposes ?

Je fais donc des cours de dégustation de vin pour différents publics. Premièrement, pour les sociétés, pour un événement de société, par exemple, soit un team building entre collègues, soit en présentation clients, un petit cours de dégustation pour faire plaisir aux meilleurs clients de la société. Deuxième aspect : les particuliers. Donc là, à domicile, sur une terrasse, un jardin… Avec les amis, la famille, en couple, etc. Et je travaille aussi avec les restaurants. Si vous êtes restaurateur et que vous voulez mettre en valeur un peu plus vos vins ou votre lieu, moi je peux vraiment, les jours où c’est un peu creux, faire des cours de dégustation pour faire venir un peu de monde dans le restaurant et surtout, pour faire découvrir la carte des vins du restaurant.

Ah, et depuis le confinement, je propose aussi de la livraison de vins à domicile.

Qu’est-ce qui t’a poussé à faire ce travail ?

En fait, à l’époque, je travaillais pour un grand groupe de la grande distribution. Je venais de rentrer de Chine. Mais le secteur de la grande distribution, comme c’est très cloisonné, avec beaucoup de normes. Et moi voilà, j’ai plus un tempérament un peu plus d’artiste, j’aime faire les trucs comme j’ai envie de faire, etc.

Mais j’ai commencé à développer un super truc dans cette entreprise : j’organisais des grandes soirées dégustation de fou. C’était l’entreprise qui m’avait donné ce défi de faire venir mes connaissances pour une dégustation dans les locaux. Mais après une journée de travail, les gens n’avaient pas forcément envie de s’enfermer dans un entrepôt. J’ai donc commencé à faire des soirées à thème, pour que les gens puissent et veulent venir : des soirées bar clandestin, des soirées champêtres avec pétanque, fléchettes, … C’était vraiment très sympa ! Et du coup, je me suis dit qu’il y avait un truc à faire avec l’événementiel.

Et avec le vin, ce qui est aussi intéressant, c’est que si vous goûtez le vin en étant de mauvaise humeur, ou dans un mauvais contexte, vous n’allez pas apprécier le vin. Mais si vous êtes posé avec des amis dans un endroit sympa, vous allez adorer ! Je peux vous donner un exemple parlant : souvent, les gens, ils sont en vacances et ils vont au vignoble. Ils trouvent le vin super bon et ils en achètent une caisse pour ramener à Lille. Et à Lille, un jour où il ne fait pas beau, chez eux, ils re-goûtent le vin, et « oh, il est moins bon quand même » … Voilà, il y a tout un contexte qui joue autour du vin, et je me suis dit qu’il fallait que j’exploite ça.

Et puis en plus, j’adore faire ça, vraiment, distiller mon savoir et aider les gens qui n’aiment pas trop le vin, et d’une façon très simple, vulgariser la chose et voilà, rendre le vin accessible. Je veux qu’il y ait de l’interaction, je veux qu’on passe tous un bon moment et qu’on rigole. Et qu’en plus, on apprécie les vins, bien entendu.

D’où te vient cet amour pour le vin ?

Alors, il y a plusieurs aspects. La première chose, c’est que mes parents sont divorcés, et je voyais donc très peu mon père à cause de la garde alternée. Et en fait, le seul moment où j’avais un peu de temps de partage avec mon père, c’était autour d’une bouteille de vin. Même à 10 ans, on ouvrait une bouteille de vin et puis il me faisait goûter. Juste goûter un petit peu le vin, bien sûr ! Donc voilà, ça, ça m’a déjà un peu initié au vin.

Et puis après ça, quand je suis parti vivre à Londres, en Angleterre après mon bac, je travaillais dans un pub. Et dès qu’il y avait du vin à servir, on me demandait à moi de le faire. Parce que oui, pour eux, le vin et le fromage, c’est le français l’expert… Et dès ce moment, je me suis dit qu’il y avait vraiment un truc à faire dans ce domaine.

Comment t’es-tu formé à l’œnologie ?

Après mon DUT, je suis rentré en école de commerce. Il y avait trois écoles de commerce avec des spécialisations dans le vin : Bordeaux, Dijon et Montpellier. Je suis parti à Montpellier. J’ai donc un master en commerce international, avec une spécialisation commerce international des vins et œnologie, et j’ai passé une mention complémentaire en spiritueux et vins.

Quel est ton vin préféré ?

Je n’en ai pas, enfin, j’en ai plein !

Ça dépend du moment. Par exemple, en ce moment, il fait très chaud, très très chaud, j’ai envie d’un bon rosé bien frais ou d’un vin blanc bien frais, comme tout le monde. En hiver, au coin du feu, un bon vin un peu fort, un peu charpenté, un peu costaud, c’est parfait !

En fonction de ce que je mange aussi, en fonction de mon humeur, en fonction des gens avec qui je suis…. Voilà, donc c’est vraiment tout un contexte, comme je le disais plus tôt. Et je n’ai pas de vin préféré, j’en ai plein, en fait !

Lille est plus une région de bières et pas vraiment de vins. Arrives-tu tout de même à évoluer dans ce secteur-là dans la Métropole ?

Alors, j’adore la bière, ça, c’est sûr ! Et c’est vrai qu’on n’est pas une région de vin, mais c’est là tout l’intérêt ! En fait, comparé à Bordeaux, où il y a plein de bars à vin, ici à Lille, il y en a quelques-uns, mais il n’y en a pas énormément, et donc du coup, il y a vraiment tout un intérêt pour le vin. Les gens ont envie de découvrir le vin, envie de sortir aussi de la région de prédilection des vins de Lille (Bordeaux), de voyager un petit peu… Les gens adorent ça, donc c’est une super région pour travailler le vin, ici ! C’est aussi pour ça que j’ai créé Mon Petit Caviste ici, à Lille.

Tu travailles seul. Comment gères-tu ta vie d’entrepreneur ?

Ce n’est pas évident. Ce n’est pas évident pour plusieurs aspects. Parce que des fois, quand je prends une décision, je suis tout seul. Par exemple, j’ai très peu de stock et je suis un peu en flux tendu, parce que je n’ai pas les finances pour acheter des grosses palettes de vin, parce que je n’ai pas d’endroit pour entreposer, etc. C’est un peu compliqué. Et parfois, quand je dois prendre des décisions et que je suis tout seul, je ne sais pas trop quoi faire…

Et quand je goûte un vin, c’est un peu mon impression personnelle. Est-ce que mes clients vont aimer ou pas ? Est-ce que je commande 200 bouteilles, 300 bouteilles ? Voilà, c’est toujours un peu un pari et c’est parfois un peu difficile.

Et parfois, quand j’ai deux dégustations le même jour, je ne peux pas me démultiplier ! Donc je suis obligé d’en annuler une. Donc c’est vrai que parfois, ce n’est pas évident.

Par contre j’avance vite, je suis mon propre chef, j’ai mes propres horaires. Et ça, ça n’a pas de prix quoi !

Et au niveau de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, en tant qu’autoentrepreneur, comment cela se passe-t-il pour toi ?

Encore une fois, ce n’est pas évident ! Bien entendu, première chose à faire, c’est de séparer le compte professionnel du réseau privé, que ce soit sur Facebook, Instagram, ou même le compte bancaire. Oui même bancaire ! Moi j’ai pris un banquier pro, un compte pro, etc. Comme si c’était vraiment une société quoi ! Ce n’est pas parce que je suis autoentrepreneur que je mêle tout. J’essaie de vraiment faire attention à ça. Je ne mets pas de choses professionnelles sur mon Facebook personnel, et inversement. Voilà, j’ai compartimenté un petit peu.

Après, c’est sûr que ce n’est pas évident, parce que comme je suis tout seul, quelques fois, si j’ai des messages de clients à 21 heures, je réponds. Mais c’est aussi à la personne qui partage ma vie de prendre ça en compte, parce que pour l’instant, c’est comme ça et puis on verra après dans quelques années comment ça évoluera.

Ce n’est pas évident tout le temps, mais en même temps, c’est la vie que j’ai choisie et c’est la liberté que j’ai aussi.

Comment te fais-tu connaître par tes différents clients ?

Souvent, c’est grâce aux réseaux, ou alors, grâce au bouche-à-oreille. Le réseau joue beaucoup, parce que j’ai un grand réseau sur Facebook et Instagram, un réseau de Lillois, surtout.

Justement, quelle est ta stratégie digitale, notamment sur les réseaux sociaux ?

J’ai différents aspects. Forcément, j’ai mon Instagram, mon Facebook et Linkedin aussi. Et en fait, j’ai des petits trucs très sympas sur mon téléphone : ce sont des petites infographies qui indiquent les meilleurs créneaux pour poster, les jours les plus intéressants, les pires jours, etc. Et j’en ai une par réseau : sur Instagram, sur YouTube, sur Facebook…

J’essaie aussi de ne pas mettre le même contenu sur tous les réseaux, de varier un petit peu. Et je fais aussi un peu de sponsoring de mes petites vidéos de présentation, comme ça, après, les gens peuvent cliquer sur le lien et ils m’envoient un message directement.

Ce qui est cool, c’est qu’il y a différentes applications qui peuvent aider pour gérer ces réseaux sociaux. On peut programmer les publications, comme ça, on programme et puis c’est réglé. Il y a aussi une application qui s’appelle Later, pour programmer des stories Instagram. Et puis après, je me mets des rappels en permanence. J’ai des rappels tout le temps ! Parce que j’ai plein de choses à faire…

As-tu pu continuer ton activité pendant le (premier) confinement ?

Non, parce que forcément, les cours de dégustation, c’était interdit. Mais c’est là que je me suis un peu adapté. Et j’ai donc développé la livraison à domicile. J’ai lancé une autre publicité, une autre vidéo, et j’ai créé un site autre pour la livraison de vins à domicile. Et en fait, ça a cartonné, parce que tout le monde était sur les réseaux et personne ne voulait aller faire les courses. Donc c’est plutôt cool et du coup, j’ai gardé l’activité sur le côté. C’est un peu l’adaptation que j’ai faite, et ça m’a permis de bosser un petit peu pendant le confinement.

Puis aussi, une société m’a contacté pour faire de la dégustation par internet, en visio. Et au début, j’étais plutôt contre. Mais en fait, cette société a fait livrer du vin chez leurs clients, deux bouteilles chacun, pour une dizaine de clients et puis on s’est réuni un soir (par appel vidéo). On a fait un cours de dégustation avec les mêmes bouteilles chacun, et on goûtait en même temps. Et ça a cartonné ! Franchement, je ne m’attendais pas à ça. Et c’est un aspect qui me titille un peu, peut-être pour le futur…

Justement, quels sont tes projets pour le futur ?

Il y aura peut-être un petit peu de ça… Je continuerai toujours les cours de dégustation, ça, c’est sûr. Je vais aussi essayer de développer ça en Angleterre et en Belgique. Et je réfléchis aussi à développer des petites box de vins avec le cours de dégustation associé, par internet. Voilà donc plusieurs choses sur lesquelles je suis en train de réfléchir.