Clothilde, de La Part Française à Lille : "valoriser le made in France"

C'est au retour d'une expatriation de 5 ans à Shanghai que Clothilde a décidé d'ouvrir La Part Française. Cet élégant concept store, niché au cœur du Vieux-Lille, fait la part belle part aux produits made in France dans une démarche de mise en avant du savoir-faire de créateurs locaux. Découverte de ce nouveau repère lillois de la "slow life" et du shopping responsable.

Qu'est-ce qui vous a poussé à ouvrir une boutique de produits français ?

En Chine, j'ai un peu vécu la folie des grandeurs dans une société d'hyper-consommation à laquelle j'ai moi-même pris part. Mais quand je suis rentrée en France, je me suis naturellement tournée vers une consommation plus raisonnée. J'ai commencé à faire davantage attention à la provenance des produits que j'achetais et je me suis rendue compte que c'était compliqué de trouver des produits faits en France. Il y a des initiatives qui se mettent en place, sauf que la plupart du temps, il faut faire la démarche de chercher, de fouiller, de regarder les étiquettes, de se renseigner, de poser des questions... Ça n'est pas si simple.

En parallèle de mon expérience personnelle, j'ai constaté aussi qu'il y avait une demande de la part des consommateurs sur le "made in France". J'ai eu l'idée de créer un espace pour faciliter l'accès à ce type de produits. Ça a pris la forme d'une boutique parce que j'avais envie d'un lieu physique pour bénéficier du contact direct avec les clients, avoir leur retour et échanger avec eux. La Part Française est donc née de la combinaison de ces constats et de ces envies.

Quels types de produits peut-on trouver dans votre boutique ?

Ici à La Part Française, vous trouverez de la décoration, des cadeaux de naissance, un peu de cosmétiques, des accessoires pour hommes et pour femmes - le tout de fabrication française. J'essaie de proposer un maximum de choses venant de créateurs du coin. Certains produits sont faits par les créateurs eux-mêmes et ceux dont cela n'est pas le cas, s'inscrivent malgré tout dans une démarche de savoir-faire, avec un véritable travail artisanal autour de la fabrication.

Quelles sont les valeurs de La Part Française ?

Tout d'abord, je dirais le local dans le sens où je cherche à proposer un maximum de choses issues de la production locale. Ensuite, c'est très important pour moi de choisir des marques qui se positionnent sur l'éco-responsabilité. Houbline, qui est une marque de fleurs séchées basée à Bailleul dans le Nord, en est l'exemple type. A contre-courant de ceux qui s'approvisionnent en fleurs venant des Pays-Bas ou de Belgique, la créatrice privilégie des matières premières venant de producteurs français pour réaliser ses bouquets. De même, pour ce qui concerne les produits de la gamme enfant, je fais le nécessaire pour choisir des matières naturelles.

Et enfin, une autre valeur qui est essentielle pour moi est l'humain. J'essaie de créer du lien avec les créateurs que je choisis d'exposer dans ma boutique pour comprendre les origines de leur marque. Le but est d'être en mesure de restituer leur histoire aux clients de la manière la plus fidèle et authentique possible.

Pensez-vous que nous sommes prêts, en tant que société, à changer notre façon de consommer ?

Il y a beaucoup d'études sur le "made in France" qui montrent que les gens sont prêts à mettre un peu plus d'argent dans un objet s'il est fabriqué en France. Cela reste du domaine des intentions mais c'est un petit bout de chemin parcouru vers une consommation plus raisonnée. De toute façon, je pense qu'il faut changer les modes de consommation petit à petit, si on fait un changement trop radical, ça ne tiendra pas sur du long terme.

Quels sont les perspectives pour votre concept-store ?

J'aimerais mettre en place des ateliers sur place, en compagnie des créateurs qui vendent leurs produits dans la boutique. L'idée serait que les clients puissent comprendre comment les produits sont faits et qu'ils apprennent aussi à créer des choses par eux-mêmes.

Je réfléchis également au fait de m'agrandir et pourquoi pas d'ouvrir une seconde boutique. Je reçois beaucoup de demandes de la part de créateurs mais je ne peux malheureusement pas accueillir tous ceux qui me sollicitent car je suis limitée par la place. Je souhaiterais proposer beaucoup plus de produits et étoffer davantage chaque univers. Pour l'instant, cela n'est pas possible puisque je tiens avant tout à ce que la boutique reste accessible pour une expérience client optimale.

Pourquoi vous êtes-vous inscrite sur Dailyn ?

Dailyn rentre complètement dans les valeurs de la boutique avec le concept de l'approche locale. J'ai été séduite par la démarche de réunir les commerces de proximité et de les mettre en avant sur une même application. Et puis, j'ai rejoint Dailyn également pour la visibilité : le système de géolocalisation qui permet de découvrir des boutiques autour de soi quand on se balade est un bon outil quand on cherche à se faire connaître en tant que commerçant !

Au travers de votre expérience en Chine, vous êtes devenue familière de l'application WeChat ? Pensez-vous que de tels usages digitaux du commerce peuvent s'intégrer en Europe ?

Effectivement, en Chine, il est impossible de vivre sans WeChat. Tout passe par cette application, elle permet de tout faire et intègre beaucoup de fonctionnalités : la communication, le paiement mobile, le système de livraison (en moins de 5 minutes)... même le réseau et les groupes de contact se créent de manière plus fluide avec WeChat. À mon avis, ce genre d'usage pourrait s'exporter et être intégré en Europe et en France, mais probablement pas avec la même rapidité. En ce qui concerne le commerce, il est évident, qu'aujourd'hui, la partie digitale est indispensable pour maintenir une relation déjà installée entre un client et un commerçant.