Sylvie de Schott : "Notre plus gros problème aujourd'hui, c'est internet"

Sylvie, de Schott, à Lille : « La problématique aujourd’hui, c’est de faire face à internet »

Sylvie Lambert est la représentante à Lille d'une marque mythique et historique : Schott.

Sylvie, de Schott, à Lille

Sylvie Lambert est la responsable de la boutique Schott de Lille depuis son ouverture il y a trois ans et demi. Sa boutique se trouve dans le Vieux-Lille, au 5 Place des Patiniers.

Qu’est-ce qui rend votre commerce spécial ? 

Schott est une marque mythique et très célèbre. Elle est surtout très reconnue pour son perfecto. D’ailleurs Schott est le créateur de ce vêtement, le perfecto. Beaucoup de monde ne le sait pas ! Quand un client rentre dans le magasin et qu’il cherche un perfecto, je lui raconte donc toujours l’histoire du vêtement et de la marque Schott, parce que l’entreprise existe depuis 1913 ! À Lille, un peu moins : trois ans et demi.

Sylvie, de Schott, à Lille

Avez-vous un type de clients plus ciblé par votre commerce ?

Oui et non. Parce qu’ici, c’est un peu comme la BD Tintin par Hergé, c’est pour les personnes de 7 à 77 ans. Donc je n’ai pas vraiment de profil type. Mais j’attire quand même majoritairement des passionnés de la marque.

Quelles sont les problématiques que vous rencontrez dans votre métier quotidiennement ?

La problématique aujourd’hui, c’est de faire face à internet, et c’est très compliqué. Il faut se démarquer et on se bat tous les jours.

Les sites de vente en ligne, et surtout les géants d’internet, fracassent les prix pour les mêmes produits que j’ai en boutique. C’est très difficile d’expliquer à un client pourquoi le même produit est à 400 euros chez moi et à 200 sur un site.

Comment faites-vous pour l’expliquer ?

J’essaie, mais c’est difficile de justifier auprès des clients. Déjà, quand un client me dit qu’il a vu tel produit sur tel site, je vais aller voir ce fameux produit sur ce fameux site. Je vais vérifier les couleurs qu’ils vendent et ce qu’il reste en taille. Et souvent, il reste seulement du XXL et du XS ou la couleur que le client veut n’est plus disponible. Et là, je peux prouver au client que oui, il a vu ce produit à ce prix, mais que dans tous les cas, il ne l’aura pas.

Sylvie, de Schott, à Lille

Quelles sont vos techniques pour continuer à vendre malgré le succès du e-commerce ?

Alors bien évidemment, je ne peux pas m’aligner, parce qu’ils cassent beaucoup trop les prix sur internet. Moi, j’essaie de me rendre la plus agréable possible vis-à-vis du client. J’essaie de lui faire un geste commercial et de lui expliquer que le service en magasin est quand même plus rassurant que sur un site. Je lui parle aussi du service après-vente que j’ai mis en place de manière gratuite. Par exemple, si on m’achète une pièce en cuir, je dis bien au client de revenir quand il veut, que je lui entretiendrai et réimperméabiliserai son cuir de manière totalement gratuite. Ça, internet ne le fait pas ! La seule façon que moi j’ai trouvée à mon échelle pour contrer internet, c’est de vendre du service gratuitement aux clients.

Si vous aviez un message à passer aux consommateurs qui achètent uniquement en e-commerce, lequel serait-il ? 

Qu’ils prennent certains risques parce qu’il y a des sites ou les produits ne sont pas forcément toujours conformes. Ce n’est pas de la contrefaçon, mais ce n’est pas conforme.

J’ai eu plein de retours de clients sur leur mauvaise expérience sur internet : la mauvaise taille a été livrée, ils ont payé, ils doivent donc renvoyer, il n’y a plus la bonne taille, et ça va prendre très longtemps avant qu’ils récupèrent leur argent. À Noël, j’ai eu plein de cas de clients qui ont commandé fin novembre et qui sont revenus au dernier moment ici en boutique en me disant : « Je n’aurai jamais mon produit à temps, est-ce que vous pouvez me sauver ? » Et là je marque des points, parce que je leur sauve la vie !

Alors ce que je leur dirais c’est ça : vous n’aurez jamais le même service sur les sites internet qu’en boutique. Maintenant, voilà, aujourd’hui c’est le prix qui fait la différence. Et là malheureusement, contre ça, je ne peux RIEN !

Sylvie, de Schott, à Lille

Vous êtes référencé comme établissement connecté sur la plateforme Dailyn. Pourquoi s’être lancé dans l’aventure ?

Parce que justement, Dailyn entre en jeu pour les commerçants. Son rôle est de nous mettre en avant et de montrer une harmonie entre commerçants. Ici, sur cette Place des Patiniers, il y a déjà cette harmonie. J’ai vraiment beaucoup de chance d’être sur cette place. On s’entend très bien ! On s’envoie des clients, et on évite de les envoyer sur des sites. J’ai eu le cas la semaine dernière : quelqu’un qui rentre en face et demande s’ils ont des perfectos. Ma collègue a répondu : « Tournez-vous, la spécialiste est en face ». Je vais toujours privilégier les commerçants qui sont autour de moi. Et c’est exactement ce que veut faire Dailyn à l’échelle de Lille.

Quels conseils donneriez-vous à un futur commerçant qui souhaite se lancer ? 

Qu’il faut le faire ! Il ne faut pas avoir peur, même si c’est difficile. Il faut revenir à la proximité. Parce que si on ne le fait pas, demain il n’y aura plus de petits commerçants. Et il y a des limites partout, même à internet. Prenons l’exemple des hypermarchés : pourquoi aujourd’hui ils ouvrent plein de petits hypermarchés de quartier ? Ça veut bien dire quelque chose. Internet a ses limites, on reviendra peu à peu à la proximité !

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