Michael, de Colmar, à Lille : « Nos clients achètent les yeux fermés »

Michael, Colmar, Lille : « Nos clients achètent ici les yeux fermés »

Michael Barata est le responsable la boutique Colmar à Lille. Boutique qui n'a d'ailleurs rien à voir avec la ville d'Alsace !

Michael de Comar, Lille

Michael Barata est le responsable la boutique Colmar à Lille. Travaillant depuis des années dans le Vieux-Lille, la marque Colmar l’a choisi pour s’occuper de l’ouverture de sa première boutique lilloise, au 23 rue Basse, à Lille.

Racontez-nous votre histoire : comment êtes-vous arrivé jusqu’à ce point aujourd’hui ? 

Cela fait plus de quinze ans que je travaille dans le Vieux-Lille. J’ai eu des premières étapes ailleurs, et même à l’étranger. Mais je travaille dans le prêt à porter dans le quartier depuis 2002. De fil en aiguille, je me suis créé de l’expérience, une clientèle, et une reconnaissance aussi par rapport à notre travail. Et j’ai donc été recruté directement par Colmar pour l’ouverture du premier magasin Colmar à Lille. Moi, ça m’a tout de suite plu dans le sens où c’était un nouveau challenge. On a ouvert en août 2018. Et c’est moi qui me suis occupé de cette boutique dès le début.

Quel est le concept de la marque ?

C’est une marque qui est déjà reconnue. Pas dans le Nord, mais dans les Alpes. À la base, c’est une marque surtout de produits de ski. La première boutique en France a ouvert à Annecy et la deuxième à Lyon (donc près des montagnes). D’ailleurs, on équipe aussi l’équipe de France de ski alpin. Les personnes qui achètent chez nous achètent les yeux fermés parce qu’ils savent que c’est vraiment un produit technique et de qualité. Mis à part le ski, on fait aussi une ligne de golf. On équipe d’ailleurs Sébastien Gros, célèbre golfeur français.

Mais le ski et le golf sont minoritaires dans notre boutique de Lille, parce qu’on est loin de la montagne. L’été, forcément, on ne fait pas de ski ! La collection est beaucoup plus large que le ski et le golf. Nous proposons du prêt à porter hommes et femmes. Moi, en tant que responsable, je cible mes achats sur l’affinité de mes clients, sur la mode, sur mes connaissances. Je fais mes achats en fonction de ce que je pense qui peut être vendable à Lille.

Pourquoi ce choix de nom, « Colmar » ?

Il y a beaucoup de gens qui font la comparaison avec la ville Colmar qui se trouve en Alsace. Forcément ! Il y a même des gens qui se prennent en photo devant ma devanture en pensant que ça a un rapport avec la ville. Et pourtant, la marque n’a rien à voir avec cette ville. Et d’ailleurs, il n’y a même pas de boutique Colmar à Colmar !

Mais alors d’où vient le nom ? Colmar, c’est en fait un acronyme. Ça vient de Colombo Mario, le nom et prénom du créateur de la marque. C’est une marque italienne.

Et je peux vous raconter la petite histoire du logo. À l’époque de la création de la marque, en 1923, Monsieur Colombo Mario était parti se reposer en terrasse de café. Et il s’est aperçu que le logo du paquet de cigarettes Lucky Strike l’attirait beaucoup. Et il s’est inspiré donc de ce logo pour celui de Colmar. Sans les couleurs bleues, blanc, rouges, forcément, vu que c’est une marque italienne.

Comment évolue le secteur de la vente à Lille ?

Nous, on est arrivé ici avec la marque en 2018. Forcément, on est arrivé avec l’objectif de faire connaître la marque et de se développer. C’est vrai que moi, avec l’expérience que j’avais de Lille, je savais que ça n’allait pas être facile. Parce que les clients lillois sont très particuliers. Je savais que ça allait être très difficile. Et oui, ça l’est. Aujourd’hui, on s’est déjà bien fait connaître, mais on aimerait toujours plus (comme tout le monde). Mais ça a été une période difficile dès l’ouverture à cause de l’actualité. Le problème, c’est que c’est beaucoup d’argent investi par rapport aux retours. Mais là, on est quand même content parce qu’on a eu beaucoup de clients de l’année dernière qui reviennent cette année. Et ça, ça nous fait plaisir !

Vous travaillez seul ou en équipe ?

On travaille en équipe. J’ai une personne qui travaille avec moi en mi-temps. Parce que forcément, vu le peu de fréquentation qu’il y a en semaine, être à deux en permanence, ça n’a aucun intérêt.

Quel est le plus grand obstacle ?

D’avoir peu de personnes qui pousse ma porte. Après, c’est la situation actuelle aussi qui joue. Il y a de plus en plus de personnes qui font attention à leurs portefeuilles et qui attendent les offres promotionnelles et les soldes de tous leurs magasins. Donc on doit aussi s’adapter aussi à cette conjoncture, à cet effet de mode de clients qui acceptent de n’acheter qu’en soldes. On doit donc s’aligner, même si c’est un peu contradictoire avec l’image de notre marque … On essaie de faire la part des choses et de cibler entre les deux.

Et vraiment, le plus gros obstacle, c’est ça. Plus généralement, la grande distribution est un obstacle, avec leur pouvoir énorme de communication et de promotion. Et nous, en tant que petites boutiques à côté, c’est compliqué de rivaliser. Alors, on essaie de gérer et de faire au mieux avec un service client qui est, je pense, un peu plus adapté que dans une grande distribution.

Mais plus on va a avancer, plus ça sera compliqué de toute façon. Notre métier devient de plus en plus difficile et je me demande même s’il ne va pas mourir…

Au niveau de l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, comment cela se passe quand on est commerçant ?

On ne va pas dire que c’est compliqué, car ça serait mentir. Mais la vie professionnelle prend beaucoup sur la vie personnelle. Ça, c’est certain ! Surtout quand on est responsable. Comme son nom l’indique, un responsable a beaucoup de responsabilités ! Mais on essaie de joindre les deux bouts et de trouver un juste milieu.

Pourquoi avoir choisi de vous lancer dans Dailyn ?

Je me dis pourquoi pas, ça peut être intéressant pour un développement des deux côtés, pour Colmar et pour Dailyn. Ça reste une plateforme qui peut accueillir beaucoup de monde et qui peut être très attractive. Je pense que le concept est très intéressant pour le futur !

Où vous voyez-vous dans cinq ans ?

Je ne sais pas. Par rapport à Colmar, je ne sais pas. Bien sûr, la marque voudrait se développer. Mais, c’est très compliqué. Tout au moins à Lille, c’est très compliqué. Si on n’a pas de fréquentation, les charges sont là et à un moment donné, ce n’est plus possible ! Il y a beaucoup de choses qu’il faut prendre en compte, comme l’actualité. Si on n’a pas de clients, on ne peut pas faire de chiffres. Si on n’a pas de chiffres, on ne peut pas payer ce qu’on doit… Bref, il faut avoir les reins solides !