Miguel Nochair, photographe lillois : « Tout le monde est beau ! »

Miguel Nochair, photographe lillois : « Tout le monde est beau ! »

Rencontre avec un homme qui, par ses photos, rend hommage à la beauté humaine.

Miguel Nochair, photographe lillois

Miguel Sanchez, de son nom d’artiste Miguel Nochair, est photographe. Étant traducteur de formation, c’est en 2012 qu’il se passionne pour la photographie. Il commence par photographier en extérieur, dans les rues de Lille, ainsi que lors de ses voyages. Peu à peu, il se met à la photographie de personnes. Par ses photos, il veut véhiculer un message : tout le monde est beau !

D’où vous est venue cette passion de la photographie ?

Je ne suis pas photographe de métier. J’ai fait des études de traduction et je suis actuellement employé de ménage. En 2012, j’ai commencé la photographie, pour les mauvaises raisons, je pense. Parce que j’étais amoureux de quelqu’un qui faisait de la photographie. Je me suis alors mis à la photographie pour avoir de quoi discuter avec lui…

Puis, je me suis rendu compte avec le temps que j’adorais la photographie. Et apparemment, mes photos plaisaient. Alors, je me suis découvert un certain talent. Et par la suite, j’ai continué parce que ça me faisait du bien. J’ai vécu des choses pas très drôles dans ma vie et j’ai un passé un peu noir. Et la photographie m’a beaucoup aidé. Ça m’a aidé à extérioriser pas mal de choses que je n’arrivais pas à exprimer autrement.

Miguel Nochair, photographe lillois

Quel est le message que vous voulez faire passer avec vos œuvres ?

Moi, mon but, c’est de montrer que tout le monde est beau. C’est ça mon concept : tout le monde est beau et la mocheté, ça n’existe pas. Je dis toujours que la mocheté, c’est un concept qu’on a inventé pour nous vendre des produits de beauté et de la chirurgie. Parfois, il y a des gens qui me disent qu’ils ne sont pas le type que je prends en photo. Mais je n’ai pas de type. La seule condition pour faire des photos avec moi, c’est de signer ce petit papier pour que je puisse publier les photos. Autrement dit, il n’y a pas de conditions. Pendant leur séance photo, je souhaite vraiment que les gens soient vraiment eux-mêmes et qu’ils se livrent. Et surtout, surtout, les convaincre qu’ils sont beaux, même s’ils n’y croient pas.

Alors, le message que j’essaie de véhiculer par mes photos, c’est d’être soi-même et de se défaire des cadres ! Par exemple, moi, par mon physique, on me colle une étiquette d’homme viril. Étiquette à laquelle je n’adhère plus du tout. Oublions les cadres ! Il y a autant de manières d’être qu’il y a de personnes. Il y a autant de sexualités qu’il y a de personnes…

Miguel Nochair, photographe lillois

Quel est votre plus grand modèle artistique ?

Je n’ai pas un modèle, ou du moins pas un seul. C’est plus l’ensemble des gens, dans mes amis sur Facebook, qui sont photographes, tous avec leur propre style. Je peux vous citer Johann D’Nale (j’ai été publié dans son magazine d’ailleurs), Anthony OzoraiHugo QaherabearStiofan O’Ceallaigh… Il y en a vraiment un tas, en fait. Ce sont tous ces gens qui ont cette même démarche que moi, justement, de montrer la beauté des gens.

Pouvez-vous nous parler d’une séance photo qui vous a marqué ?

Oui, c’était avec une personne que je connaissais bien, Laurent. J’ai vu qu’il n’allait pas bien. Et j’ai voulu lui proposer de faire des photos, parce que j’ai vu qu’il avait une très mauvaise estime de lui. Et je me suis mis la pression pour faire quelque chose de bien. Au final, j’ai décidé de vraiment y aller à l’instinct. Et je trouve que les photos sont particulièrement belles. Je ne sais pas totalement expliquer pourquoi, mais cette séance photo là a débloqué pas mal de choses en moi-même. Je suis vraiment content de cette séance. Et j’ai l’impression que c’est depuis cette séance photo que ma photographie est telle que je voulais qu’elle soit quand j’ai commencé en fait…

Miguel Nochair, photographe lillois

Vous faites aussi pas mal de photos de Lille. Quel est votre endroit préféré pour faire des photos ?

C’est la Citadelle de Lille et ses alentours. Le parc, le canal, la nature… Ce coin-là est particulièrement joli. J’en ai déjà fait déjà le tour parce que j’y suis allé plein de fois, justement. Il y a plein de reflets sur l’eau… Photographiquement, c’est un lieu vraiment intéressant.

Vous qui connaissez bien les recoins de la ville, connaissez-vous un endroit très peu connu, mais qui mérite de l’être ?

Oui, un lieu que j’ai connu par pur hasard. Le jour de mon anniversaire, j’ai décidé d’aller dans des stations de métro de Lille dans lesquelles je n’allais jamais. C’est ainsi que je me suis arrêté à porte d’Arras, dans le quartier de Moulins. Et je ne sais même pas dire quelle rue c’était, parce que je n’avais rien pour me repérer, mais je suis tombé sur un lieu très particulier (la Place du Carnaval, à Moulins). Il y avait tout plein d’œuvres d’art, des longues statues avec des grandes jambes, un assemblage de plein de crayons, telle une fleur… Je ne pensais pas tomber sur un lieu comme ça par ici, et totalement par hasard en plus !

Miguel Nochair, photographe lillois

En plein confinement, quel est votre quotidien ?

Je me crée une routine. J’essaie de ralentir aussi. Mon plus gros objectif pendant ce confinement, c’est de prendre du temps pour regarder le plafond, c’est-à-dire de prendre du temps pour s’ennuyer, car je n’y arrive pas. Je suis toujours à 100 à l’heure. J’ai une imagination un peu trop fertile qui m’empêche de ralentir. Alors le confinement est le meilleur moment pour essayer de modifier ça.

Auriez-vous un message à passer aux Lillois en cette période un peu difficile ?

Comme tout le monde, je vais dire "restez chez vous" ! Mais aussi, prenez soin de vous. Parce que cet isolement peut vraiment être dangereux pour les personnes fragiles psychologiquement.

Et prendre ce temps pour réfléchir aussi. J’ai lu un texte sur internet qui m’a fait beaucoup réfléchir qui disait : « La planète nous a dit : « Tu es puni, va dans ta chambre et ne reviens que quand tu seras calmé ! » » Et j’ai vraiment l’impression que c’est ce qu’il se passe. Alors j’aimerais bien qu’on réfléchisse tous à ça.

Miguel Nochair, photographe lillois