Thierry Pauchet, de Tous pour les Lillois : « S’il n’y a plus de commerçants à Lille, il n’y a plus de Lille. »

Thierry Pauchet, de Tous pour les Lillois : « S’il n’y a plus de commerçants à Lille, il n’y a plus de Lille. »

Thierry Pauchet est l'une des trois têtes de liste de la liste d'Union de la Droite et du Centre.

Tous pour les Lillois, Lille

Suite à nos nombreuses interviews de commerçants, nous nous sommes rendu compte que ceux-ci avaient différentes attentes et différents questionnements pour le prochain Maire de la ville comme sur leur accompagnement, le plan de circulation, l’animation de la ville, …

En attendant les élections qui arrivent à grands pas, nous avons donc synthétisé les demandes des commerçants et nous partirons à la rencontre de :

Voici notre quatrième interview, de Thierry Pauchet, l’une des trois têtes de liste de la liste d’Union de la Droite et du Centre (Les Républicains, Un Autre Lille, et Les Centristes).

Tous pour les Lillois, Lille

Vous êtes souvent sur le terrain et vous avez dû croiser bon nombre de commerçants. Quel est votre ressenti ?

Oui, on est allé à la rencontre des commerçants. Moi, je fais toujours mes courses à Lille. Je fréquente plutôt les petits commerçants, parce que j’aime bien ça ! On est allé voir tout le monde. Ils ont ce sentiment qu’on a tout fait pour ne pas les laisser travailler dans les meilleures conditions. Les commerçants ont le sentiment de ne pas être écoutés. Il existe effectivement dans cette ville des associations de commerçants, mais elles représentent entre 15 et 20% du nombre total des commerçants de la ville.

On veut que les commerçants Lillois travaillent dans les meilleures conditions possibles, en leur retirant un certain nombre de contraintes qui ont été mises en place depuis quelques années. Parce que nous, dans notre liste, on est assez proches de ces métiers-là.

L’objectif, c’est de ne pas embêter les commerçants Lillois. Aujourd’hui, à la ville, il n’y a pas de direction du commerce. Il y a un adjoint au commerce, mais il n’y a pas de service dédié à ça. Imaginez que vous êtes commerçants et que vous venez vous installer à Lille. Vous reprenez un pas-de-porte et vous devez faire des travaux, mettre une nouvelle enseigne… Eh bien vous êtes obligé de demander un permis de travaux. Vous allez donc en mairie, et vous devez aller voir la personne qui s’occupe de la façade, la personne qui s’occupe de la vitrine, la personne qui s’occupe de l’enseigne… Trois personnes différentes !

Nous, on propose de faire ce qui se fait à Arras aujourd’hui. L’idée, c’est d’avoir un guichet unique pour les commerçants qui souhaitent s’installer dans la ville, de telle sorte que pour eux, les formalités administratives obligatoires soient au moins simplifiées au maximum.

Que pensez-vous des attentes des commerçants vis-à-vis des élus ?

Leurs attentes et leurs problèmes sont justifiés. On ne peut pas dire que les commerçants ont été bien traités par les mandats précédents. Je peux vous donner des exemples :

La ville a décidé de rendre le stationnement sur rue payant toute la journée, de 9h à 18h. Avant, il y avait ce que l’on appelait la pause méridienne gratuite de 12h à 14h. On va revenir en arrière et on remettra cette pause gratuite. C’est en faveur aussi du monde du commerce, et notamment pour les restaurateurs. On va aussi diminuer par deux les taxes sur les terrasses, car elles avaient été multipliées par deux dans le mandat précédent. Et une décision plus générale que nous prenons, mais qui touche aussi beaucoup de commerçants, c’est de diminuer la taxe foncière de 5%. Ça, ce sont des décisions qui vont être prises rapidement et qui auront vite un effet sur l’attractivité de la ville et sur les commerçants.

Et un dernier point que je n’ai pas abordé avec vous. On remarque aussi que dans certains quartiers, il y a une vraie désertification du commerce, comme au Faubourg de Béthune. Il y a des rues ou il y a un seul commerce alors qu’avant, il y en avait trente ! On aimerait aussi re-dynamiser ces endroits. Alors, on n’est pas interventionnistes à la base, comme on est des libéraux. Mais vous savez, il faut quand même que parfois, la force publique donne le coup de pouce qui fasse que le commerce redémarre.

Tous pour les Lillois, Lille

On entend beaucoup parler dans la presse ou sur le terrain du nouveau plan de circulation. Quel est votre avis sur ce sujet ?

Le plan de circulation Lillois a eu des conséquences vraiment négatives sur le commerce en termes de chiffre d’affaires et donc d’emplois.

Moi, je suis aujourd’hui chef de l’opposition à Lille. Je connais bien le sujet puisque je me suis bagarrée avec Martine Aubry et la majorité sur ce sujet. Elle avait un objectif en soi qui était plutôt louable et qu’on partageait complètement : faire en sorte que les gens qui n’ont rien à faire dans la ville n’y passent plus. En gros l’idée, c’était de régler ce problème de ce que l’on appelle les véhicules de transit, c’est-à-dire les personnes qui viennent de Lambersart pour aller à Marcq-en-Baroeul par exemple, et qui passent par le centre-ville pour y aller alors qu’ils pourraient contourner.

Martine Aubry a mis en place tout un plan de circulation et ça a été une catastrophe ! Ça été fait dans des bureaux par des personnes qui sont tout sauf commerçants ou même usagers. Et quand ça a été mis en place, ça a été un épisode douloureux pour les commerçants. Ça a été la paralysie complète de la ville. C’est-à-dire que le samedi, vous veniez sur la Grand-Place à 15h et à 16h30, vous arriviez rue Esquermoise… Vous n’aviez fait que 300 mètres !

Nous, en tant qu’opposition, on a proposé huit portes de sortie de la ville. Martine Aubry en a repris trois et elle en a trouvé deux autres d’elle-même. Ça a un peu désengorgé la situation, mais il reste encore des nœuds à certains endroits. Alors, la première chose qu’on va faire pour les commerçants et les usagers, c’est qu’on va réunir tout le monde et on va repenser ce plan, mais en les consultant directement, en se concertant. Notre but, ce n’est pas de tout révolutionner, parce qu’on repartirait de nouveau dans le problème. Mais là où il s’agit par exemple de seulement changer un sens de rue, on le fera !

Après, à plus long terme, on ne reviendra plus à la ville entièrement ouverte à la voiture ! Parce que la pollution est l’un des problèmes les plus importants de notre ville : on a eu 61 jours de pollution l’année dernière à Lille ! On va faire en sorte de donner des alternatives aux personnes qui viendront à Lille pour faire leurs courses, mais sans les obliger à rentrer dans la ville. On a donc pris comme modèle la ville de Strasbourg. Mais ça, ça va prendre un peu plus de temps. On construira aux portes de la ville des parkings de dissuasion qui vous dissuaderont donc d’aller en centre-ville. Et on vous offrira une solution alternative : des navettes gratuites pour aller à l’endroit où les gens souhaiteraient aller.

Que pensez-vous de l’e-commerce ?

Je vais vous donner mon exemple personnel. Moi, j’ai la chance d’avoir une résidence dans le sud de la France, qui est loin de tout. Alors quand je veux faire mes courses, je vais sur mon ordinateur, je regarde ce que je veux, et si c’est volumineux et compliqué, je me le fais livrer via Amazon, ce genre de sites. Donc c’est pour moi devenu un élément essentiel du commerce.

Quand on est citadin de centre-ville, on n’a pas forcément le besoin d’interne. Par contre, si on habite à 5 kilomètres de Lille, c’est déjà plus utile et indispensable. Alors oui, l’utilisation des outils digitaux par les commerces, c’est indispensable.

Mais après, l’e-commerce, non, ce n’est plutôt pas très bon ! Il faut que les gens continuent à aller dans les magasins et consomment. Nous, on est très attentif à la vitalité commerciale. Si un jour, il n’y a plus de commerces dans la ville, ça serait triste !

En plus de ça, l’e-commerce a quand même un inconvénient : la livraison. C’est-à-dire des véhicules supplémentaires dans la ville et ça crée des vrais problèmes de pollution.

Tous pour les Lillois, Lille

Vous arrive-t-il, comme un français sur deux, d’acheter sur Amazon ?

Oui, parfois, mais quand je suis dans ma résidence dans le Sud, comme je vous l’ai dit. Parce que je suis loin du commerce. Mais sinon, à Lille, je n’ai acheté sur Amazon qu’une seule fois. Je cherchais une ampoule très spéciale pour mettre dans un miroir et impossible de trouver l’ampoule. Et alors je peux vous dire que j’ai cherché ! J’ai fait trois magasins à sa recherche et comme je ne trouvais pas, j’ai regardé sur internet. Et le seul endroit où je l’ai trouvé, c’est sur Amazon. Mais c’était parce que je n’avais pas le choix.

Pour le domaine de la restauration, que pensez-vous de la livraison à domicile (de services comme Uber Eats ou Deliveroo) ?

Si ça permet de faire fonctionner les commerces, pourquoi pas ! Un vendredi soir, parfois, vous voulez aller au restaurant, mais il n’y a plus de place. C’est un autre moyen de faire fonctionner le commerce, je pense. Je pense que tout le monde s’y retrouve, et même les livreurs (même si ça ne doit pas être un métier facile). Je sais qu’il y a des restaurateurs qui n’y sont pas hostiles, et pour qui ça fait partie de leur chiffre d’affaires.

Pensez-vous que cela soit utile pour les commerçants de proximité de livrer en dehors de la ville ?

En général, ils ne vont pas très loin, parce que si la marge part dans le transport, il n’y a plus d’intérêt. Donc ça reste tout de même à proximité. C’est plus compliqué de livrer loin. Enfin, j’imagine. Pour rien vous cacher, moi personnellement, soit je cuisine, soit je vais au restaurant, mais je ne fais jamais livrer. Sauf des pizzas de temps en temps, pendant un match de foot !

Avez-vous des conseils à donner aux commerçants pour booster leurs affaires ?

Franchement, ce n’est pas mon rôle de politiques d’en donner. Moi, je ne suis plus commerçant. Je l’étais dans les années 90, mais c’était une autre époque. Le commerce a beaucoup changé. En tant qu’élu, je veux mettre le moins d’entraves au commerce. Notre rôle c’est ça, et pas leur donner des conseils. Être le moins contraignant possible pour le monde du commerce, voilà !

L’animation des commerces de proximité est primordiale pour booster le passage. Avez-vous prévu sur ce sujet si vous êtes élu ?

Oui et non. Aujourd’hui, il existe la fédération Lilloise du commerce. Mais elle vit un peu sous la dépendance de la ville au travers de subventions qui lui sont données. Est-ce que c’est un bon service à rendre ? Est-ce que ces gens ne deviennent pas des affiliés du pouvoir en place ? Moi je trouve que ce n’est pas très sain. Moi, je préfère baisser la taxe terrasse, la taxe foncière, mettre un guichet unique pour que ce soit plus simple de bosser, plutôt que de donner de l’argent.

Après, on va prendre des décisions générales sur lesquelles on va être très attentifs et sur lesquelles les commerçants Lillois en verront un bénéfice. Par exemple, sur la propreté de la ville. Parce que Lille est une ville sale. Le ramassage des ordures est très mal coordonné et ça coûte 14 millions d’euros à la ville tous les ans. On va revoir complètement les contrats de ramassage ! On a aussi un grand projet de mise en place de toilettes publiques.

Comment allez-vous aider les touristes à découvrir les commerces de Lille si vous êtes élu ?

La première des choses, on en a déjà parlé, c’est la question de la circulation et du stationnement. Parce que si on veut bien acheter, il faut bien se garer et pouvoir aller où on veut aller facilement ! Il faut qu’aujourd’hui, on leur donne les moyens de faire leurs courses dans les meilleures conditions. On revient au plan de circulation, mais pour les clients qui venaient de loin, ils ne reviennent pas tous depuis ce plan. Il faut faciliter la vie et des commerçants, et des consommateurs.

Pour améliorer l’attractivité de la ville à l’étranger, là, on confie cette mission à l’office de tourisme de Lille. C’est vraiment eux qui ont la main là-dessus. L’office de tourisme est communautaire, métropolitain, et il a des moyens, puisque chaque touriste qui passe une nuit à l’hôtel verse la taxe de séjour. Donc il y a des moyens qui sont confiés à l’office de tourisme, je pense donc que c’est à l’office de tourisme de faire ça. Et je pense sincèrement que l’office fait bien le job ! Il faut s’appuyer sur les choses qui fonctionnent déjà bien à Lille.

Tous pour les Lillois, Lille

Quelle est votre boutique favorite à Lille ?

Ma boutique préférée à Lille, c’est le poissonnier qui se situe dans la rue Gambetta, Au Petit Mouse. Il n’y a plus qu’une poissonnerie à Lille en dehors des marchés, c’est celle-là ! Parce que j’adore faire des courses alimentaires. J’adore d’ailleurs le secteur commercial du bout de la rue Gambetta. Vous avez un bon fromager, deux bons bouchers, des boulangeries… Ce n’est pas un commerçant en particulier que je préfère, mais plutôt ce coin-là. Vous pouvez faire des courses qualitatives alimentaires, et moi c’est ce que j’aime faire !

Quel est votre restaurant préféré à Lille ?

Mon coup de cœur, j’en ai deux en ce moment : l’Arc, qui est rue des Bouchers et le Club Marot. Mais il ne faut pas trop le dire, parce que sinon, il y aura beaucoup de monde et je ne vais plus pouvoir y aller !

Que pensez-vous de la plateforme Dailyn ?

Je trouve que c’est une bonne idée Dailyn. C’est devenu aujourd’hui un élément essentiel. Quel client aujourd’hui, avant d’aller faire ses courses, surtout quand il n’habite pas en ville, ne prépare pas son parcours shopping.

Ça peut intéresser certains commerçants qui n’ont peut-être pas la fibre digitale. Parce que l’utilisation des outils digitaux dans le commerce, comme on le disait, c’est important ! Parce que le commerce à l’ancienne, c’est fini ! Le service que propose Dailyn, c’est à mon avis un service intéressant qui guide les clients et les commerçants. Tout ce qui peut aider le client à aller à la recherche de ce qu’il veut et de ce que vendent les commerçants, c’est très bien !

Ce que nous, nous souhaitons pour nos commerçants Lillois, c’est que les clients viennent ! Et donc qu’ils sachent communiquer grâce à certains outils pour faire en sorte que ces clients viennent chez eux. Le commerce, c’est probablement un des éléments essentiels de l’attractivité de Lille. Si vous n’avez plus de commerçants à Lille, vous n’avez plus de Lille. Plus il y a de commerçants, plus il y a de ressources, plus il y a de ressources, plus on peut rendre la ville la plus attractive possible. C’est un cercle vertueux !