Violette Spillebout Interview commerçants

Violette Spillebout : « Quand on discute et qu’on écoute, on se rend compte que tout est possible dans cette ville. »

En attendant les élections qui arrivent à grands pas, nous avons donc synthétisé les demandes des commerçants...

Violette Spillebout

Suite à nos nombreuses interviews de commerçants, nous nous sommes rendu compte que ceux-ci avaient différentes attentes et différents questionnements pour le prochain Maire de la ville comme sur leur accompagnement, le plan de circulation, l’animation de la ville, …

En attendant les élections qui arrivent à grands pas, nous avons donc synthétisé les demandes des commerçants et nous partirons à la rencontre de :

Voici notre première interview, de Violette Spillebout, candidate LREM à la mairie de Lille-Lomme-Helemmes.

Violette Spillebout

Vous êtes souvent sur le terrain et vous avez dû croiser bon nombre de commerçants. Quel est votre ressenti ?

Mon premier ressenti, c’est que les commerçants ont l’impression que leur mairie ne les aime pas. Il y a beaucoup de commerçants qui se sentent très éloignés de leurs élus et de leur maire. Et qui pensent que notre service municipal est plutôt là pour leur mettre des contraintes et les empêcher de se développer plus qu’autre chose. Je pense notamment aux sujets des autorisations de terrassesdes permis de construire, de la mobilité et du plan de circulation… Les commerçants ressentent vraiment une inaction de la part de la ville pour résoudre des problèmes du quotidien.

Et puis aussi, ils ont un sentiment profond d’injustice et d’iniquité de traitement, et de manque de bon sens. Je vais vous donner un exemple : un pharmacien de la rue Faidherbe m’expliquait qu’il se gare parfois avec sa petite camionnette sur le trottoir devant son commerce pour décharger des médicaments. Et il prend une amende de 135 euros ! Et ça, un commerçant ne peut pas comprendre qu’on ne comprenne pas qu’il n’a pas d’autres solutions pour décharger ses médicaments. Voilà, ce sont des choses comme ça, comme sur les verbalisations d’ordures aussi… Donc il y a du travail devant nous !

Au niveau de la sécurité de Lille aussi, il y a beaucoup de plaintes. Les vols, des agressions, la mendicité agressive… J’ai fait par exemple un porte-à-porte commerçant dans une très belle rue : la rue Esquermoise. Et là, tous les commerçants sont unanimes pour dire que comme il n’y a ni vidéo protection, ni îlotage, ni police municipale le soir, il y a un sentiment d’impunité qui s’est installé. C’est-à-dire qu’il y a des personnes qui rentrent dans les échoppes et qui volent parfois directement dans la caisse en quelques minutes, de façon organisée… Et puis des touristes et visiteurs qui se plaignent aussi de ce sentiment d’insécurité qu’ils ont.

Donc oui, on a un beau défi devant nous ! Celui de redonner confiance dans la relation avec l’administration et de résoudre ces problèmes du quotidien des Lillois et donc des commerçants. Malheureusement, je connais peu de commerçants heureux aujourd’hui à Lille. En tout cas moi, j’aime les commerçants ! C’est la vie d’une ville, et moi je veux leur faciliter la vie et pas les empêcher de se développer…

Que pensez-vous des attentes des commerçants vis-à-vis des élus ?

Moi je pense qu’elles sont légitimes, parce que les commerçants sont avant tout des citoyens. On a une mairie et une maire qui dit en permanence : « de toute façon, les commerçants ne votent pas et n’habitent pas à Lille… ». D’abord, ce n’est pas vrai ! J’ai rencontré plein de commerçants qui habitent à Lille. Bien sûr, il y en a qui vivent en métropole, mais qui ont leurs enfants à Lille, leurs amis à Lille… On est avant tout une communauté métropolitaine. Un commerçant, c’est clairement un citoyen, qui utilise la ville et qui la voit évoluer. Donc je pense que l’avis d’un commerçant est respectable.

Je pense que les commerçants souffrent d’un réel un manque de respect et d’écoute. Ils ont besoin d’avoir des élus qui viennent les voir régulièrement, et pas seulement pendant les élections. Par exemple, il y a quelques jours, la Maire de la ville est partie à la rencontre des commerçants de la rue Gambetta. Chose qu’elle n’avait pas fait depuis dix ans … Alors, c’est bien, il n’est jamais trop tard ! Mais à un moment, pour avoir confiance en les élus, il faut avoir des élus qui sont sur le terrain régulièrement. Je pense que les commerçants attendent d’avoir des élus impliqués et engagés tout au long du mandat, mais qui on aussi un vrai pouvoir d’action.

Violette Spillebout

On entend beaucoup parler dans la presse ou sur le terrain du nouveau plan de circulation. Quel est votre avis sur ce sujet ?

Trois ans après, ça reste un grand sujet de conversation des dîners des Lillois (et un sujet négatif). Le Fameux Plan de Circulation ! Ce qu’on peut dire, c’est que ce n’est pas une réussite !

L’objectif de ce plan était clair : celui de réduire la place de la voiture en ville. Là-dessus, je suis d’accord ! On est d’ailleurs beaucoup à être d’accord sur l’objectif. Il faut avoir des décisions de responsabilité sur la transition écologique. Mais après le sujet du plan de circulation, ce sont deux choses :

C’est la méthode avec laquelle il a été mis en place. C’était beaucoup trop brutal ! On n’a eu aucune concertation et explication sur ce sens de circulation.

Et puis le deuxième sujet, c’est le sens même de ces circulations. Parce qu’à beaucoup d’endroits, le Lillois se retrouve perdu dans sa ville … Par exemple, un bus qui veut déposer des congressistes à Lille Europe puis à Lille Flandres, doit faire tout un grand tour extrêmement compliqué pour accéder. Donc ça manque de bon sens ! Ce que les Lillois comprennent, c’est que ça fait faire des kilomètres et des bouchons en plus. Et donc que ça crée de la pollution en plus !

Alors je comprends l’idée qui était de dissuader les Lillois de prendre leur voiture, mais l’idée a été prise à l’envers. Parce que oui, il y a moins de voitures, mais il y a moins de clients ! La semaine dernière j’ai discuté avec une commerçante de la rue de la Monnaie. Elle me disait qu’elle avait perdu depuis le plan de circulation 40% de chiffres d’affaires ! Je ne pense pas que l’objectif était de dissuader les gens de venir consommer en ville !

L’objectif c’était de proposer des offres de transports alternatives qui soient à la hauteur, pour qu’ils viennent consommer plus et de façon plus sereine et plus apaisée. En fait, je pense qu’il aurait fallu d’abord proposer des offres alternatives renforcées (plus de stations v’lille, plus de bus, plus de métro…) et ensuite réduire la circulation automobile, et pas l’inverse ! Et là aujourd’hui, on a l’impression qu’on vous enlève quelque chose sans rien vous donner à la place.

Violette Spillebout

Que pensez-vous de l’e-commerce ?

Je pense que l’e-commerce, c’est une tendance naturelle des modes de consommation à laquelle il faut qu’on s’adapte, nous citoyens, nous élus, ainsi que nos commerçants. L’e-commerce, peut faire peur au commerce de proximité, c’est normal ! Mais ça doit devenir une force !

Je pense qu’il faut d’abord qu’au niveau français et européen, on ait des actions gouvernementales qui empêchent, effectivement, le développement d’un e-commerce qui ne paierait pas ses impôts en France et qui n’exercerait pas ses responsabilités d’employeur par exemple…

Et puis au niveau local, il faut saisir cette opportunité de l’e-commerce pour le développer dans nos commerces de proximité. Et donc, je pense qu’il faut qu’on accompagne nos commerçants à se saisir de l’opportunité de faire de l’e-commerce. Il y en a beaucoup qui voudraient par exemple vendre leurs produits en ligne, mais comme c’est vraiment compliqué, ils ne le font pas. C’est un enjeu énorme de transformation pour nos commerçants, qui n’est pas simple, et donc je pense qu’il faut démystifier les choses et l’accompagner dans ce processus. Aujourd’hui, je pense que c’est 12% des achats des consommateurs, l’e-commerce. Alors, demain, ça sera 20, 25 …

Mais après, je suis assez confiante dans l’évolution de notre société en termes de responsabilité écologique. Je pense qu’il y a de plus en plus de Lillois qui vont vouloir plutôt acheter dans une petite boutique de leur quartier plutôt que sur internet. Et on voit d’ailleurs maintenant une tendance inverse : des marques complètement digitales qui prennent maintenant des boutiques en ville pour faire la démonstration de leurs produits.

Violette Spillebout

Vous arrive-t-il, comme un français sur deux, d’acheter sur Amazon ?

J’ai acheté sur Amazon bien sûr ! J’ai un ami qui est le PDG du Furet du Nord. On a eu de nombreuses discussions sur ça. Il me dit : « Mais Violette, tu ne peux pas acheter des livres sur Amazon ! ». Alors je lui ai dit : « Mais le problème, c’est que je cherchais un livre pour ma fille en urgence (parce que je suis une maman mal organisée) pour la rentrée des classes. Je l’ai cherché sur le site du Furet du Nord et je ne l’ai pas trouvé ! Donc je l’ai pris sur Amazon, d’occasion (parce que moi je fais très attention à la seconde main), et je l’ai eu trois jours plus tard. » Moi je préfère acheter au Furet du Nord. C’est tout de même la librairie historique de mes parents et de mes grands-parents, c’est notre fierté lilloise !

Moi je pense qu’effectivement, il faut arrêter d’acheter sur Amazon, bien sûr. Il faut avoir un comportement de citoyen responsable. D’ailleurs, moi j’ai arrêté d’acheter sur Amazon.

Mais, la deuxième chose, c’est qu’il faut que nos commerçants se mettent à la page. Si on ne veut pas que les gens achètent sur Amazon, il faut que les commerçants aient une offre concurrentielle.

Violette Spillebout Interview commerçants

Pour le domaine de la restauration, que pensez-vous de la livraison à domicile (des services comme Uber Eats ou Deliveroo) ?

Moi je trouve que c’est là aussi une évolution contre laquelle il ne faut pas se battre parce que c’est une tendance qui fait fonctionner les commerces. D’ailleurs, c’est un complément de chiffre d’affaires pour beaucoup de restaurateurs. Après, derrière, ça pose des questions de condition de travail de ceux qui livrent, et moi, c’est ça qui m’inquiète aujourd’hui.

Pensez-vous que cela soit utile pour les commerçants de proximité de livrer ?

Je pense que c’est un service complémentaire qui est extrêmement utile, y compris pour les personnes qui ont du mal à se déplacer ! Je pense aux personnes âgées ou aux personnes à mobilité réduite. Il faut utiliser ce service comme un service complémentaire. Moi, je pense que tout ce qui est nouveau, il faut le prendre à l’envers. Et il faut faire de Lille une ville d’innovation commerciale !

Avez-vous des conseils à donner aux commerçants pour booster leurs affaires ?

Moi j’aurais plutôt un conseil à donner au maire de Lille. Parce que je pense que les commerçants sont des personnes courageuses, qui sont souvent très longtemps dans leurs commerces, qui travaillent en famille, qui prennent des risques financiers … Commerçant aujourd’hui, c’est un métier difficile. Donc je trouve que ça serait un petit peu mal venu de la part d’une candidate aux municipales de donner des conseils aux commerçants …

Donc moi le conseil, je le donnerais plutôt au Maire de Lille d’écouter les commerçants, comme on expliquait plus tôt. J’ai entendu plein de propositions qui viennent des commerçants, qui d’ailleurs, par exemple, ne sont pas du tout fermés à la piétonnisation du cœur de ville. C’est une légende ! Quand on discute et qu’on écoute, on se rend compte que tout est possible dans cette ville.

Violette Spillebout

L’animation des commerces de proximité est primordiale pour booster le passage en magasin ? Qu’avez-vous prévu sur ce sujet si vous êtes élue ?

Nous, on propose un manager de commerces. Un manager de centre-ville, un manager pour les grandes rues commerçantes de notre ville. On voudrait par exemple, pour la rue Gambetta, pour cette grande rue un manager commercial. À quoi il va servir ? Ce n’est pas moi qui ai inventé le métier ! C’est un métier qui existe ailleurs dans d’autres villes. Il va servir à être le relais pour l’ensemble des problématiques quotidiennes des commerçants comme le ramassage et le tri des déchets, les problèmes de nuisible, les sujets de stationnement, d’éclairage public… Mais il va aussi concevoir une vraie stratégie d’animation commerciale du secteur avec les commerçants. La stratégie d’animation commerciale, ce n’est pas un one shot. Si on veut créer de nouvelles habitudes chez des habitants pour venir dans les commerces, ce n’est pas un jeudi soir nocturne qui va fonctionner, par exemple, mais tous les jeudis soir nocturnes !

Comment allez-vous aider les touristes à découvrir les commerces de Lille si vous êtes élue ?

Il va falloir une très bonne application multilingue pour accompagner les touristes dans leur expérience de shopping ! Quand je dis multilingue, je pense que c’est important que la ville fasse un effort global sur la formation aux langues, et d’abord à l’anglais. Nous, on a comme première ambition d’avoir une ville bilingue. Et c’est déjà un grand pas à franchir !

Il faut aussi que sur le site internet de la ville, sur son téléphone mobileon puisse déjà préparer son parcours et connaitre les différents secteurs. Par exemple, une carte de la ville dans laquelle on aurait le secteur du mobilier, des antiquaires, des galeries d’art, des commerces bios et éthiques… D’après ce que j’ai compris, je pense que votre société est déjà un bon précurseur de ce qu’il va falloir pour l’ensemble des touristes !

Quelle est votre boutique favorite à Lille ?

J’aime bien Day by Day rue Gambetta. Je n’y vais pas souvent, mais j’aime bien parce que je peux acheter en vrac. Ce sont mes nouvelles habitudes de nouvelle consommatrice éco-responsable. J’étais peu sensible à ces questions-là il y a quelques années, parce que je n’ai pas été forcément éduquée comme ça. Il existe Hello Bocaux aussi à Hellemmes, et j’aime bien ce geste-là d’acheter en vrac.

Quel est votre restaurant préféré à Lille ?

Ah, là j’en ai plein ! Mon restaurant historique, c’est la Bella Italia. J’y vais depuis que je suis très jeune : 19 ans, quand j’ai connu mon mari. On va tout le temps là ! C’est une famille italienne qui est depuis trente ans à Lille. Ils ont vu naître mes deux enfants…

Après, j’en aime beaucoup d’autres. J’aime bien le Pot Beaujolais, rue Pierre Mauroy, et le restaurant de couscous l’Estaminet du Pont, à Lille Sud.

Violette Spillebout

Que pensez-vous de la plateforme de local shopping, Dailyn ?

Je pense que c’est une belle initiative qui manquait dans notre métropole ! Parce qu’effectivement, on me parle beaucoup de ces applications qui se développent qui permettent notamment aux visiteurs de découvrir vraiment les commerces et le shopping.

J’en parle souvent avec ma fille, qui s’intéresse beaucoup à tout cela, et on voit bien que les jeunes par exemple aujourd’hui préparent leurs achats. Quand on fait attention à ses moyens et qu’on a envie de consommer responsable, on ne fait plus d’achat impulsif, mais de l’achat réfléchi. Donc on a besoin de ces outils-là pour savoir avant où on met les pieds.

Tout ce qui est digital, c’est l’avenir, c’est la modernité ! Il faut s’en saisir comme une opportunité pour notre ville et en tant que maire j’essaierai d’être aussi en lien avec cette communauté digitale qui crée du vivre ensemble. Il ne faut pas avoir peur du digital. Le digital, c’est fait pour rapprocher les gens. Vous, votre objectif c’est de faire venir les gens dans les commerces, donc c’est bien pour rapprocher les gens !